Genre:
documentaire
Un
film de Diego Vallarino
Durée :
72 minutes
Pays :
Argentine-Suisse
Synopsis
Quique 70, Diego 40. Un père et son fils retournent
sur leurs pas. Leurs pas sont des journées de route, des milliers de
kilomètres, un destin, la Patagonie. Cette Patagonie qu'ils ont quittée il y a
trente-cinq ans et qui représente pour eux, en cet instant, une énigme. Retour
aux souvenirs, aux images d'une époque qui marqua leur existence à tout jamais,
entre montagnes, mers et déserts. Sera-t-elle la même Patagonie ?
Voyage de complicité, kilomètres de transmission,
retrouvailles de générations et la nécessité de forger une mémoire commune.
Recherche partagée jusqu'au moment de la rupture.
Lieu de tournage : Argentine
Langue : espagnol
Sous-titrage: français-espagnol-anglais
Date de tournage : 2014
Date finale de la production : 2016
Durée : 72 minutes
Coproduction simple : Argentine-Suisse
Idée et réalisation : Diego Vallarino
Edition : Diego Vallarino
Caméra: Enrique y Diego Vallarino
Edition audio : Ricardo Weelock
Conseillers: Amina Djanine, Marcelo Castro, Romina
Arraya, Gloria Carrión, Marina Rubino, Marilyn Villiger, Sandra Muri y Eduardo
Spiegeler.
Graphisme affiche : Johao Fernández Vélez
Une
auto-production indépendante
Patagonia 40/70 fut réalisé sans aucune aide
institutionnelle. Mes amis et amies qui ont cru dans ce projet ont apporté un
peu de temps et d'expérience, d'autres ont participé financièrement à la
post-production.
Diego
Vallarino
(Argentine, 1973 de nationalité argentine et suisse)
Metteur
en scène, pédagogie théâtrale et diplômé en dramaturgie. Animateur d'ateliers
vidéo et réalisateur de court-métrages. Formation autodidacte en cinéma et
vidéo. PATAGONIA 40/70 est son premier long-métrage. Réside actuellement entre
l'Amérique latine et en Europe.
Trois
questions à Diego Vallarino au sujet de son film
Quelle
a été l'origine du film ?
Il y a beaucoup d'années, assoiffé de voyages, j'ai
commencé mes périples dans mon pays d'origine, puis dans différents lieux de
l'Amérique latine et en Europe. A chaque éloignement, le souvenir de mon pays augmentait, plus
précisément du lieu où je fis mes premiers pas, la Patagonie argentine. J'y ai
vécu jusqu'à l'âge de cinq ans.
Le désir de retourner dans ces lieux ne m'a jamais
quitté et je me suis dit : pourquoi pas avec mon père, qui n'y était plus
retourné depuis trente-cinq ans, là où il avait vécu plus de dix années ?
Au milieu de 2007, alors que je résidais en Suisse, j'ai évoqué avec mon père
l'idée de réaliser ce voyage ensemble. Dès ce moment-là, nous partîmes avec le
projet de voyager et de filmer cette expérience. En 2014, tout était en place
pour nous lancer dans cette aventure.
La Patagonie a toujours constitué pour moi une sorte
d'énigme, un lieu occupant une place privilégiée dans mes souvenirs et que je
revenais habiter chaque fois que je regardais les photos ou visionnais les
films familiaux. Pour mon père, c'était le lieu de ses souvenirs d'enfance,
d'une époque de liberté où tous les rêves pouvaient se réaliser. Dans le même
temps, la Patagonie représentait pour lui une période de dure labeur, avec son
camion perdu dans les vents du désert, mais aussi l'époque heureuse de ses
premières années de mariage avec ma mère.
Tout ceci m'a fait penser que ce voyage pouvait
constituer un événement extraordinaire, un moment de retrouvailles entre nous
et la Patagonie. Un moment hors du temps, un voyage pour nous redécouvrir et
redécouvrir ces lieux si présents et si distordus par le temps. Qui étions-nous
à cette époque ? En ces lieux ? Qui sommes-nous trente-cinq ans
après, après tant de distance, lui à Buenos Aires et moi parcourant les
continents ?
Quelle est ton intention?
Plusieurs
choses m'intéressent : Je pense qu'il s'agit d'un film qui met en avant
l'humanité et de ce point de vue, je souhaite partager cette expérience. C'est
une invitation au spectateur à s'asseoir sur le siège arrière de la voiture et
parcourir avec nous les routes et les émotions. C'est une invitation à jouir de
cette liberté et complicité entre deux êtres qui vivent profondément chaque
instant, avec peu ou pas de limitations, celles imposées par la vie dans une
société de consommation où la seule liberté, semble-t-il serait de consommer.
Et
la sensibilité et sagesse du « type normal », qui est mon père contribuent pleinement à cette réflexion.
Un
homme honnête, simple, noble, qui offre généreusement au spectateur l'accès à
son monde intérieur, vivre sa tendresse et se surprendre avec lui de sa
capacité à redécouvrir son passé et à se redécouvrir dans le présent avec septante
ans d'expériences.
D'un
autre côté, le propos du film est également de partager cette « terra
incognita »
qu'est
la Patagonie. Lieu fréquemment évoqué mais méconnu, comme souligne Mempo
Giardinelli : « Une immensité vide, une exclusion universelle pleine de mystère… ». Je souhaite que la spectatrice
ou le spectateur soit confronté également à cette « immensité pleine de
mystère » qui symbolise, si souhaité, la vie.
Quelque
chose d'universel est également la relation de mon père avec moi. Père et fils
s'octroient le temps de vivre quelque chose d'autre qu'un repas occasionnel, un
anniversaire, quelques jours de vacances. Deux personnes ouvrant leur cœur,
tentant de remplir les vides que les années ont marqué dans chaque vie. Deux
personnes éclatant de rire et en même temps évoquant des thèmes profonds et
fondamentaux, qu'ils ne s’étaient jamais donné le temps d'aborder auparavant.
Le tournage ?
L'idée
était surtout de témoigner le moment présent de la manière la plus honnête et
simple possible, je veux dire pas d'équipements lourds ni de techniciens
virevoltant autour de nous. Le principe était de conserver notre intimité. J'ai
alors décidé tout simplement d'utiliser mon appareil photo reflex, un
microphone, un trépied, que j'ai utilisé une ou deux fois et filmer presque
tout le temps. Pour moi, il était clair qu'il était fondamental de m'amuser et
expérimenter. C'est pour cela que nous devions prendre plaisir à chaque moment
et me donner, nous donner, la liberté de filmer, brisant quelques conventions si
nous le sentions ainsi ; disons que l'instinct occupa une place importante
tout au long du tournage.
Compte tenu de ce parti
pris, on pourra voir des prises
hors-champ, des panoramiques audacieuses, des contre-plongées
vertigineuses…etc, disons une caméra indisciplinée.
Ensuite,
filmer en voyageant pendant plusieurs heures par jour amène son lot de
difficultés techniques : par exemple, sur la route et dans le voiture, il
est difficile de réaliser des plans variés et capter un son de bonne qualité,
et plus encore lorsqu'il s'agit d'un véhicule à moteur diesel bruyant. Sans
parler du bruit de la terre et du vent, pendant la période de l'année où ce
dernier est le plus actif !
A
maintes reprises j'ai douté à enclencher ou non la caméra, est-ce qu'elle nous
incommoderait, est-ce qu'elle briserait notre énergie, notre lien, les
confessions. Probablement tout ce que nous avons vécu ne transparaîtra pas dans
le film, mais une grande partie, oui. La caméra s'est installée entre nous
naturellement et elle était devenue peut-être, comme une mascotte, qui nous
intimidait peu.
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